Dépêche d'APM International - Paris, 9 avril 2015

PARIS, 9 avril 2015 (APM) - La secrétaire d'Etat aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, a annoncé mercredi soir qu'elle prendrait prochainement de nouvelles mesures concernant l'autisme, en particulier au sujet de la formation des professionnels.
Elle s'est exprimée en clôture des deuxièmes rencontres parlementaires sur l'autisme, qui avaient lieu à l'Assemblée nationale.

Dans son discours, dont l'APM a reçu une version écrite, la secrétaire d'Etat a expliqué qu'elle présenterait, lors d'une réunion du Comité national autisme jeudi 16 avril, de nouvelles mesures "pour que la qualité des interventions [des professionnels] soit désormais au rendez-vous".
Elle a rappelé que le Plan autisme 2013-17 se poursuit (cf APM NC4NFJPBR) et que des mesures issues de la conférence nationale du handicap (CNH) de décembre 2014 concernent notamment l'autisme (cf APM VL5NI5TLS).
"Les choses bougent mais le mouvement est trop lent et inégal selon les territoires. Je sais que ce temps-là est un temps trop long pour les personnes et les familles", a déclaré Ségolène Neuville.
"Le cap est clair: c'est l'application des recommandations de la HAS [Haute autorité de santé] et de l'Anesm [Agence nationale d'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux]", a-t-elle réaffirmé.
La HAS et l'Anesm avaient émis une recommandation sur la prise en charge des enfants et adolescents autistes en mars 2012, qui a été republiée à l'identique en janvier 2015 à la suite d'une annulation pour raisons de forme (cf APM NC5NIIZN8). Ce document classe notamment les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle dans les "interventions globales non consensuelles", rappelle-t-on (cf APM HMPC8001). Une recommandation HAS-Anesm sur les adultes autistes est attendue pour septembre 2016 (cf APM LD6NJ9ABT).
"Quelle que soit l'approche, la méthode [ou] la technique en question, elle doit faire la preuve de son efficacité scientifique", a souligné Ségolène Neuville mercredi, notant que l'"on voit apparaître des nouvelles méthodes ou des évolutions y compris dans le champ des interventions comportementales".
"La seule chose qui compte, c'est que chaque méthode doit faire l'objet d'études scientifiques, de publications. On n'imaginerait pas dans un autre domaine que des interventions soient mises en oeuvre sans cette exigence de preuve scientifique d'efficacité. Il faut que cette culture se mette en oeuvre dans le domaine de l'autisme et du handicap en général", a-t-elle insisté.
Tout en promettant de présenter "précisément [un] plan d'action" le 16 avril, elle en a esquissé les "cibles principales".
"Nous allons agir fortement dans le domaine de la formation initiale et notamment sur les écoles et instituts de formation de travail social car il est inacceptable que des contenus pour le moins obsolètes et contraires aux connaissances scientifiques soient encore délivrés", a-t-elle assuré.
La secrétaire d'Etat entend aussi "agir sur la formation continue des professionnels de santé comme cela se fait déjà dans le secteur médico-social". S'agissant du développement professionnel continu (DPC), "une procédure très encadrée d'appel d'offres va être mise en oeuvre permettant de sélectionner des organismes proposant des contenus [...] totalement conformes aux recommandations. Cela concernera à la fois les nouveaux organismes mais aussi ceux qui ont déjà été enregistrés". Une refonte plus générale du DPC est en préparation, rappelle-t-on (cf APM NC5NM0U7V).
Ségolène Neuville a jugé les formations universitaires qualifiantes "encore insuffisantes dans notre pays". "Plusieurs d'entre elles ne proposent pas des contenus totalement adéquats. Nous allons donc stimuler la création de cursus notamment en master permettant la pleine maîtrise des interventions recommandées. Je dis 'stimuler' car vous savez que les universités sont autonomes, mais nous allons les motiver, insister pour qu'elles encouragent de tels cursus universitaires", a-t-elle précisé.

CERTAINS SERVICES DE PSYCHIATRIE SONT "LOIN DU COMPTE"
La secrétaire d'Etat a jugé qu'il y avait "matière à se pencher sur les établissements de santé à la fois dans leur mission de diagnostic, d'accès aux soins ou de recherche". "Je sais que c'est un sujet très sensible pour les personnes et les familles tant il existe encore des établissements de santé, des services de psychiatrie notamment qui sont loin du compte dans le domaine de l'autisme", a-t-elle constaté.
"Je veux juste dire que le sanitaire, lorsqu'il est nécessaire dans le cadre de l'autisme, et dans ce seul cadre strict, doit être contraint à respecter les recommandations existantes", a poursuivi la secrétaire d'Etat.
Pour elle, "c'est un enjeu de formation" mais également "de contractualisation, de certification qualité [et] de transformation de l'offre sanitaire qu'il s'agisse des consultations, de l'hospitalisation de jour ou temps plein". "Les pratiques d'un autre temps doivent ici aussi changer comme nous agissons en ce sens auprès du secteur médico-social", a-t-elle renchéri.
Par ailleurs, elle s'est dite consciente de "l'attente des familles pour que des interventions mises en oeuvre en libéral ou par des associations d'aide à domicile puissent être mieux prises en charge financièrement". "Il faut un cadre, des critères et des tarifs réglementés et nous en discuterons avec les différents financeurs car il faut éviter que des professionnels puissent profiter du désarroi et des difficultés rencontrées par les familles", a-t-elle promis.
Ségolène Neuville entend en outre "renforcer la capacité des enseignants et des AESH [accompagnants des élèves en situation de handicap] à l'accompagnement scolaire des enfants autistes".

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